La ville au nom le plus long du monde est aussi celle qui fait le plus rêver. A la fois ville et province elle est la capitale de la Thaïlande et sa ville la plus peuplée. Mégapole de tous les fantasmes, surtout ceux qui naissent la nuit, Bangkok n’en n’est pas moins une ville résolument tournée vers l’avenir grâce à son histoire riche et mouvementée.
La douce et bienveillante énergie de ses habitants fascine. Ici tout se fait, tout s’échange et tout se marchande. Quel que soit le but d’un séjour la « ville imprenable du dieu Indra » a tout à offrir. Et si l’on n’y cherche rien les merveilles naturelles qui l’entourent pourront nous faire nous perdre dans de sublimes contemplations.
Bangkok est un des épicentres du commerce en Asie. Les entrepreneurs et les visiteurs entreprenants sont séduits par les multiples possibilités que l’on a pour y créer des établissements commerciaux. En observant attentivement le mode de vie et en respectant les règles intemporelles du peuple Thaï on peut s’intégrer socialement et financièrement à ce cœur économique asiatique qui bat éternellement.
Sommaire
Née sous le signe de l’eau
La Ville mérite bien son surnom de Venise de l’Asie. Comme sa sœur italienne elle déroule ses canaux, les khlongs, à l’infini. Elle vit au rythme du fleuve Chao Phraya et de ses saisons des pluies.
C’est véritablement une ville d’eau, voir une ville dans l’eau. Ce fleuve majestueux, on le nomme le « Seigneur des eaux » est le seul à traverser tout le pays pour se jeter dans le golfe de Thaïlande. C’est sans nul doute la voie de communication la plus importante du pays.
En ville les khlongs fourmillent de bateaux-taxis et de taxis que l’on appelle les « longues queues ». Les canaux facilitent les déplacements mais ils servent aussi à l’irrigation des terres, à faire pousser le riz base de l’alimentation thaïlandaise.
Bangkok est une des plus grandes métropoles du monde. A elle seule elle recouvre en grande partie la province qui porte son nom soit 1569 Km2. Ses presque 9 millions d’habitants doivent vivre et lutter quotidiennement avec l’eau. Bangkok n’est située qu’à seulement 2 mètres au-dessus du niveau de la mer et les fortes précipitations liées aux crues du Chao Phraya peuvent se révéler mortelles. Ce fut le cas en 2011 quand 4 tempêtes tropicales d’une rare violence s’allièrent à des éléments déjà bien instables. Plus de 800 personnes y perdirent la vie et plus de 2 millions d’hectares furent touchés dans tout le pays. Bien sûr quand le soleil frappe il est redoutable, surtout lorsqu’il s’allie à l’humidité ambiante. Ce climat forge le caractère surtout de mai à octobre lorsque les précipitations peuvent atteindre 350 millimètres. Mais en fait tout est une question d’organisation. Il suffit d’observer les habitants de La Ville et de les imiter. Ils ont su s’adapter aux rigueurs de leur paradis lacustre. A nous de faire de même.
Le peuple Thaï s’en sort toujours vainqueur
L’histoire de la Thaïlande est on ne peut plus mouvementée. Les voisins proches comme plus tard les colonisateurs venus d’occident ont toujours voulu posséder voir asservir ce joyau de l’Asie.
Le pays qui s’appelait « Royaume de Siam » avant 1939 a de tous temps attisé la convoitise de ses voisins : Malaisie, Birmanie, Cambodge et Laos. Les tentatives d’invasion ne cessèrent qu’au 18ème siècle où l’armée birmane réussit à détruire l’ancienne capitale Ayutthaya en 1767. Cette perte eût quand même des conséquences heureuses pour Krung Thep, la cité des anges nom thaïlandais de Bangkok, car elle présida à sa fondation par le général Taksin devenu roi.
Depuis le premier siècle de notre ère, cette partie de l’Asie connue sous son nom chinois de Funan, a connu des soubresauts historiques faits de guerres, de complots et de renversements des régimes en place. On ne compte plus les principautés, les royaumes et les empires qui se sont succédés pendant plus de 17 siècles.
Les étrangers occidentaux interviennent assez tardivement dans l’histoire de la Thaïlande mais assez tôt dans celle de leurs conquêtes colonisatrices. En effet, Bangkok n’était encore qu’un village nommé Thonburi situé sur la rive ouest du Chao Praya lorsque les troupes françaises l’occupèrent le 16 octobre 1687. Le roi de l’époque, Narai, se vit contraint de céder le village aux français le premier décembre de la même année. La conquête fut de courte durée. Le général Desfarges et ses 200 hommes furent encerclés par 40.000 guerriers Thaïs aidés par les néerlandais. Au bout de quarante jours de combats acharnés entrecoupés de prises d’otages et de palabres, la raison reprit le dessus. Au vaillant général et ses troupes le nouveau roi Phra Pethracha accorda un sauf-conduit pour Pondichéry.
La France ne tenta plus de renouveler cette expédition initiée par Colbert, elle avait fort à faire en Europe avec la guerre de la Ligue d’Augsbourg. C’en était bien fini de la révolution siamoise de 1688.
Une ville-pays turbulente en plein essor
Bangkok est le centre économique de la Thaïlande laissant loin derrière les autres agglomérations du pays. Au niveau mondial elle se classe comme la 55ème ville la plus riche, juste derrière Singapour et Jakarta.
Elle représente plus de 16% du PNB du pays avec presque la moitié des revenus des services qui eux constituent 75% de l’économie du pays. Grâce aux représentations étrangères présentes en grand nombre, la « grande capitale du monde ciselée de 9 pierre précieuses » est un des pôles économiques les plus attractifs d’Asie. Mis à part le Vietnam, la Thaïlande est le seul pays innovant et très actif en matière d’industrie dans la péninsule indochinoise. La plupart des vols de la région sont opérés par des compagnies aériennes basées à Bangkok. Le tourisme compte pour approximativement 5% du PNB et il est surtout très développé dans la capitale. Cet afflux de touristes a permis de développer un réseau hôtelier très fourni. Les revenus des habitants s’en ressentent également. Si 9% de thaïlandais vivent en dessous du seuil de pauvreté, ils ne sont que 7% dans la capitale.
Un des paradoxes thaïlandais veut que malgré l’instabilité politique et sociale chronique, l’économie n’est pas vraiment impactée et surtout les touristes n’ont pas à subir les conséquences des crises. Les affaires thaïlandaises se règlent entre thaïlandais. Depuis 1932, date à laquelle le pays est devenu une monarchie constitutionnelle, l’équilibre reste précaire entre les trois piliers politiques du pays : le Roi, l’armée et les forces démocratiques. Concrètement, depuis le début des années 2000, ces dernières sont malmenées par deux factions rivales. Les « Chemises jaunes » et les « Chemises rouges » créatures de la famille Shinawatra qui a remporté toutes les élections depuis 2001. Sous des prétextes fallacieux comme l’accusation de trop vouloir subventionner le riz aux paysans, mais en fait pour juguler le pouvoir de la famille Shinawatra, une junte militaire a renversé Yingluck Shinawatra. Celle-ci succédait à son frère Thaksin, et a été la première femme élue présidente de Thaïlande. On pourrait n’y voir que la suite d’une histoire politique rythmée depuis 1932 par 18 coups d’états tentés, et parfois réussis, par les militaires.
De jour comme de nuit Bangkok ne dort jamais
Le tourisme occupe une place prépondérante à Bangkok. Qu’il soit orienté business ou purement basé sur la découverte de la ville et de ses beautés, il est particulièrement développé. Malgré l’urbanisation galopante de la capitale de nombreux trésors historiques sont à découvrir.
Le palais de Suan Pakkad est un modèle d’architecture Thaï et renferme des poteries vieilles de 4000 ans. Le musée d’Erawan, de construction récente, est pour le moins atypique. Avec pour but de conserver et transmettre les qualités de l’art et de l’artisanat Thaï, il offre aussi la possibilité au visiteur de se plonger dans la cosmogonie orientale en observant l'architecture symbolique du lieu. Le bouddha d'émeraude est une véritable statue en jadéite siégeant dans la chapelle royal du grand palais, le Wat Phra Kaeo. Elle mesure 76cm de haut, et, est entièrement vêtue d'or. La capitale possède un nombre impressionnant de temples qui ne sont pas antérieurs au 18ème siècle. Le joyau de la ville reste le palais royal et son bouddha d’émeraude, emblème national. On pourra aussi visiter le Wat Traimit et son bouddha fait de plus de 5 tonnes d’or ou bien encore la maison de Jim Thompson, industriel américain qui rassembla six maisons traditionnelles en excellent état.
Comme toute grande capitale Bangkok a ses festivals. Celui du nouvel-an chinois est très prisé (14-15 février). Le nouvel-an thaïlandais se fête lui entre le 13 et le 15 avril et donne lieu à de nombreuses réjouissances. On citera aussi les anniversaires de la Reine, le 12 août et celui du Roi le 5 décembre.
Le plus authentique des festivals est sans doute celui de Loy Krathong, à la première lune de novembre, durant lequel tous les habitants de Bangkok s’excusent auprès du fleuve pour le mal qu’ils peuvent lui avoir causé.
On ne pourrait pas parler de tourisme à Bangkok sans évoquer sa riche et sensuelle vie nocturne. La culture locale est plutôt très permissive avec tout ce qui a trait aux bacchanales. On ne compte plus les bars, pubs, discos et restaurants qui envahissent certains quartiers de la ville. Les mœurs sont tellement libres que même l’office du tourisme n’hésite pas à vanter l’attrait des bars à hôtesses, des établissements gays et des cabarets peuplé d’équivoques ladyboys. Le tout étant de consommer avec respect et en prenant les précautions d’usage.
Bienvenue à Krung Thep
L’entrée en Thaïlande est facilitée par un système de visas bien pensé. On peut y résider 90 jours sans visas ou bien 1 an avec des entrées multiples sans devenir immigrant. Il existe aussi des visas pour le business, ceux accordés après le mariage avec un ou une Thaï et ceux donnés aux retraités. Il suffit de se renseigner à l’ambassade la plus proche ou sur internet. Quel que soit le nom que l’on donne à cette ville hors-normes, les occidentaux persistent à l’appeler Bangkok alors que les thaïlandais l’appellent Krung Thep, elle vaut le détour.
On pourrait même dire que c’est une étape incontournable pour ceux qui rêvent d’aventures et de voyages.